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    En 1938 et en seulement trois ans, Errol Flynn est devenu un des acteurs les plus bankables d’Hollywood, star du film d’action et l’une des principales stars de la Warner, rivalisant pratiquement avec James Cagney. Pourtant ce n’est pas lui que la Warner envisage dans le rôle-titre du remake de l’un des plus gros succès de la décennie précédente, Robin des bois, mais bien James Cagney. Cependant, celui-ci claque la porte du studio. Puis Robert Donat et Douglas Fairbanks Jr sont un temps envisagés avant que Hal B. Wallis n’impose finalement Flynn.

     

     

    Wallis qui décide également d’inclure le personnage de Lady Marianne et sa romance avec Robin dans le film, celle-ci étant effectivement absente de la ballade d’origine. Pour le rôle de Marianne, après que l’actrice envisagée soit tombée enceinte, c’est finalement Olivia de Havilland qui est choisie. Celle-ci a déjà joué aux côtés d’Errol Flynn dans ses deux plus gros succès, Captain Blood et La charge de la brigade légère, tous deux réalisés par Michael Curtiz. Ils tourneront six autres films ensemble.

     

     

    William Keighley fut choisi pour réaliser le film en lieu et place de Michael Curtiz, pour deux raisons : il s’entendait bien avec Errol Flynn, alors que Curtiz et Flynn se détestaient cordialement, et l’année précédente les deux connurent ensemble un beau succès avec Le prince et le pauvre. Toutefois, après visionnage des premiers rushs, les scènes d’action furent jugées trop mollassonnes et Keighley fut remplacé par Curtiz.

    Le studio mit le paquet pour ce film, louant les 11 caméras Technicolor existantes alors, construisant la réplique exacte du château de Nottingham, pour un coût de plus de $650 000, l’un des décors les plus grands, les plus chers et les plus détaillés d’Hollywood jusqu’au Forum romain de La chute de l’empire Romain en 1964.

    Toutefois les moyens de la Warner ne sont pas illimités et le studio revoit ses ambitions à la baisse, abandonnant ainsi l’idée de deux scènes jugées trop onéreuses, un baptême et un tournoi de joutes. De même, la fin fut réécrite à deux reprises : une première version voyait une grande bataille à l’extérieur de château entre les troupes du roi Richard et celles du prince Jean. Puis cette bataille fut ramenée dans la forêt afin de diminuer le nombre de figurants et de chevaux, avant d’ôter finalement les troupes du roi de l’équation et de filmer la scène dans le château.

     

     

    BOX-OFFICE

     

    Il n’empêche qu’avec un coût total de $2 033 000, Les aventures de Robin des Bois est, de très loin, le film le plus cher jamais produit par le studio au moment de sa sortie le 12 mai 1938. Pour assurer dignement le lancement du film la Warner élabora une bande annonce exceptionnellement longue de huit minutes.

    D’ailleurs le film sort dans plusieurs salles d’exclusivité prestigieuses simultanément et les résultats de la première semaine donnent le ton ; $14 200 de recettes au Downtown (1800 places) et $16 500 au Hollywood (2700 places) de Los Angeles. Soit respectivement environ 30 000 et 35 000 entrées en tenant compte du prix des places des deux salles. A Philadelphia, au Stanley, la plus grande salle de la ville avec ses 2916 fauteuils, le film enregistre $26 000 (environ 43 000 entrées), ce qui est suffisant pour décider un engagement de l’exploitant d’au moins trois semaines supplémentaires. Le Chicago de Chicago (4000 places) frôle les 90 000 entrées. Enfin à New York, Robin des Bois sort au colossal Radio City Music-Hall et ses 5980 places et rapporte $103 800 (environ 115 000 entrées), un score rarement atteint.

    Partout dans le pays le succès est le même et le film prend facilement la première place des recettes hebdomadaires du pays grâce à cette sortie massive. Ce triomphe ne se dément pas sur la durée puisqu’il reste 8 semaines dans le top 10 hebdomadaires, dont 3 d’affilées numéro un.

    Au final le film rapporte à la Warner, sur l’ensemble du territoire nord-américain, la somme de $1 928 000, soit le 6ème plus gros succès des films sortis en 1938.

     

    En France, il sort le 23 novembre 1938 au Rex, en première exclusivité (fait rarissime durant cette décennie pour cette salle) attirant 241 303 spectateurs durant huit semaines ! Le succès est identique en province puisqu’il rapporte 435 501 Frs au Tivoli de Lyon et 185 000 à l’Olympia de Bordeaux en deux semaines. La Cinématographie Française le classe troisième plus gros succès de l’année selon un sondage réalisé auprès des 650 plus grosses salles du pays.

    Le film ressort en 1944 au Normandie de Paris, et 169 814 parisiens vont le voir en 6 semaines. Entre 1944 et 1951, il engrange ainsi 1 002 711 entrées supplémentaires sur Paris, pour un total de 4 025 166 sur l’ensemble du pays. Au final, c’est 6 582 600 entrées cumulées fin 2013, que Robin des Bois a réalisé depuis 1945. Sans compter sa première sortie, donc.

    L’accueil du public est le même partout dans le monde puisque fin 1945, il aura  rapporté $3 981 000 au studio dans le monde, ce qui en fait le troisième plus gros succès mondial des films sortis en 1938.

    Sept ans plus tard, il sortira en URSS, où 22 900 000 spectateurs iront le voir. En 2000, Variety estimait que le film avait rapporté $22 800 000 dans le monde en 60 ans, soit le septième plus gros succès des films sortit dans les années 30. Il reste aujourd’hui encore l’un des films les plus célèbres au monde.

    Après un tel succès, les dissensions entre la star et son metteur en scène furent mises de côté puisqu’ils tourneront sept films supplémentaires ensemble en moins de trois ans, jusqu’à ce qu’Errol Flynn trouve un autre réalisateur qui rapporte autant d’argent que Curtiz et avec qui il s’entend bien, en la personne de Raoul Walsh.

     

     

    Laurent Aumaitre

     

    Aventures de Robin des Bois, les

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