• Après une hausse de la fréquentation entre 1929 et 1932 de 56%, suite à l’arrivé du parlant, le marché du cinéma français subit une chute sévère, passant de 234 millions de spectateurs en 1931 à seulement 208 millions en 1934 (dont 64 millions sur la seule ville de Paris !). Si l’on excepte 1939 qui est une année particulière du fait de l’entrée en guerre au mois de septembre, 1934 est la deuxième plus mauvaise année de la décennie après 1930. Et encore, cette année-là, la fréquentation avait bondi de 150 millions d’entrées l’année précédente à 200 millions d’entrées.

    Ce n’est donc pas un euphémisme que de parler de mauvaise année pour le box-office français. Du reste 1934 est l’année où l’on voit culminer les faillites d’entreprises du secteur, dont la puissante Gaumont Franco Film Aubert.

    208 millions d’entrées peuvent paraître important de nos jours, mais analysons. Tout d’abord, la première chose qui saute aux yeux est l’importance de Paris. Avec 64 millions d’entrées intramuros, Paris représente à elle-seule près de 31%. En 2008, dernière année de publication de l’Observatoire de la fréquentation cinématographique à Paris, Paris ne représente plus que 14% (26.82 millions d’entrées Paris pour 188.2 millions d’entrées en France et 618 films sortis, dont 4 inédits à Paris). L’importance de la capitale est telle qu’elle représente 38.5% du marché national en termes de recettes.

    Ce ratio typique de cette décennie, qui  peut s’expliquer en partie par la fraude, certainement plus forte en province car plus aisée au fur et à mesure qu'on s'éloignait de la capitale (il existait même un trafic de copies de films volées), est toutefois très souvent confirmé par la presse de l’époque. A Paris on allait beaucoup plus au cinéma que dans le reste du pays.

    Avec un tel déséquilibre entre Paris et la province, il était dès lors très difficile, voire impossible, pour un film de faire un gros score s’il n’était pas un succès ou inédit à Paris, tandis qu’un autre pouvait tout de même atteindre un million ou plus d’entrées même si le film n’était un succès uniquement dans la ville lumière. Il semble certain, et l’étude de Colin Crisp tend à le démontrer, qu’il y avait de réelles différences de goût entre le public de province et celui de la capitale.

    Qui plus est, au vu de la fréquentation modérée, cela explique sans doute l’absence de gros score en 1934. D’autant que les 208 millions d’entrées englobent également les entrées des cinémas d’actualité.

    Véritable phénomène de la décennie, leur nombre explose au milieu des années trente. Des circuits entiers voient le jour ; Les Cinéac, les Cinéphone, les Ciné journal et sur Paris on voit également les Ciné-Paris-Soir. Ces salles projettent les actualités filmées, ainsi que des documentaires, en spectacle permanent de 9h30 à 2h du matin 7 jours sur 7. Les prix sont attractifs et le public en est friand. Sur Paris ces salles (environ une quinzaine) dépassent toutes les 250 000/300 000 entrées annuelles. En 1934, le Cinéac-Montparnasse attire à lui seul 792 000 spectateurs ! Et ce phénomène est de même ampleur dans tout le pays.

    Vous trouverez ici une sélection des films sortis en 1934 et ayant fait au moins 250 000 entrées en France selon moi.

    Cette année-là, 619 films sont sortis sur les écrans français, dont 140 inédits à Paris.

    Vous avez des questions, des remarques, des informations, des objections, vos propres estimations ? Vous êtes surpris de certaines estimations ? Vous êtes d’accord, pas d’accord, intrigué par ces chiffres ? N’hésitez pas à commenter; Cette rubrique se veut avant tout ludique et prétexte à échanger.

     


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