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Box-office USA 1927 - Top 50 (et autres films) annuel avec recettes
Le classement est basé sur les recettes enregistrées entre le 1er janvier et le 31 décembre 1927 dans les principales salles du pays que Variety publiait chaque semaine. Sont donc présents quelques films de l’année précédente, sortis généralement en fin d’année et qui continuaient leur exploitation. Aussi, en plus de la recette annuelle, est indiqué dans la colonne de droite le cumul de l’exploitation en cours. Ce total n’inclut pas les éventuelles reprises. Les studios indiqués sont ceux des distributeurs.
1927 est une année particulièrement intéressante, tant du point de vue du box-office, que par la qualité des films, mais avant tout car c’est une année clé dans l’histoire du cinéma puisqu’il devint parlant.
Quelques chiffres : 5825 recettes hebdomadaires (1600 de plus qu’en 1926) de 112 salles (augmentation de 32 salles) réparties dans 28 villes répertoriant 816 films ont été compilées. Ces seules salles ont récolté plus de $80.4 millions à elles seules, soit 25 millions de plus que l’année précédente.
Comme pour les années antérieures, tous ces chiffres sont issus de mes recherches personnelles et ont auparavant été publié sur l'excellent blog de mon ami Renaud Soyer, http://www.boxofficestory.com/, et avec sa collaboration. Je le remercie d'avoir bien voulu que je reprenne cette publication sur mon blog.
Très bonne lecture.
Laurent Aumaitre
TITRE
RÉALISATEUR
SORTIE
USARECETTE
1927RECETTE CUMULÉE
DE L'EXPLOITATION
1
AU SERVICE DE LA GLOIRE
WHAT PRICE GLORYRAOUL WALSH
23.11.26
2 112 268 $
2 278 691 $
Un film FOX avec Edmund Lowe, Victor McLaglen, Dolores del Río
Sergents des Marines américains Quirt et Flagg sont rivaux romantiques invétérés sur des missions en temps de paix en Chine et aux Philippines. En 1917 ils sont mutés en France, où Flagg, maintenant capitaine tombe amoureux de Charmaine, la fille de l'aubergiste. Bien sûr, quand il voit arriver Quirt, cela gâche son plaisir. Mais les dures réalités de la guerre et la menace d'un mariage forcé donnent aux deux hommes une cause commune.
Le succès fut tel que le film eut deux suites (en 1929 et 1931), un remake réalisé par John Ford en 1952, deux feuilletons radiophoniques (avec McLaglen et Lowe, en 1941 et 1942) et un remake non officiel (avec les mêmes stars masculines, en 1942).
Raoul Walsh ne lésina pas sur le spectaculaire, notamment sur les explosions qui endommagèrent plusieurs maisons aux alentours du tournage (la Fox dut payer $70 000 de dommages et intérêts) et qui coûtèrent la vie à un figurant.
2
LA GRANDE PARADE
THE BIG PARADEKING VIDOR 05.11.25 1 805 551 $
4 835 710 $
Un film MGM avec John Gilbert, Renée Adorée
Lorsqu'il assiste à une parade militaire, Jim Apperson, fils d'un riche industriel au tempérament oisif et peu engagé, pense avoir enfin trouvé sa vocation. Il s'enrôle immédiatement dans l'armée et s'embarque pour la France, où la Première Guerre mondiale fait rage. Là, le courage et le dévouement cèdent rapidement la place à la désillusion et à la peur. Seule sa rencontre avec une jeune paysanne, Mélisande, illumine son quotidien. Mais Jim, appelé au combat, ne peut rester auprès d'elle. Blessé au cours des affrontements, il apprend quelque temps plus tard que le village de sa belle a été entièrement dévasté. Bouleversé, Jim entreprend de la rejoindre.
3
LE ROI DES ROIS
KING OF KINGSCECIL B.DE MILLE
19.04.27
1 206 270 $
1 773 970 $
Un film Pathé avec H. B. Warner, Dorothy Cumming
À l'heure où naît Jésus dans une étable de Bethléem, le peuple de Judée est sous la domination romaine. C'est dans une atmosphère de révolte latente contre la tyrannie que grandit le Christ, entouré de l'amour de Marie et de Joseph. Jean-Baptiste, le prophète du désert, prêche la non-violence. Jésus se fait baptiser par lui. Tandis que le nouveau gouverneur romain de Judée, Ponce Pilate, vient prendre possession de sa charge, Jean-Baptiste est décapité par ordre de Hérode qui espère ainsi obtenir les faveurs de la perfide Salomé. Petit à petit, le Christ se fait connaître du peuple. Un jour, il entre à Jérusalem, acclamé par une foule grouillante de fidèles, tandis que la garnison romaine est occupée à écraser une insurrection conduite par Barabbas.
Ce film, qui raconte la dernière semaine de la vie de Jésus et sa résurrection, est le plus gros succès de l'expérience de Cecil B. DeMille comme producteur indépendant. Avec un gros budget de $1 265 283,95, DeMille livre un film spectaculaire, doté de costumes somptueux et de décors grandioses. À ce titre David O Selzncick racheta le Temple de Jérusalem construit pour le film. Il se servit de la porte géante de ce décor pour son film « King Kong » en 1933, puis utilisa tout le décor pour « Le jardin d'Alla » en 1936 et enfin le brûla en tant qu'entrepôt de munitions d'Atlanta dans « Autant en emporte le vent ».
DeMille avait instauré sur le plateau une ambiance religieuse ; chaque jour, à la fin du tournage, il y avait une prière collective et personne ne devait adresser la parole à H.B. Warner, interprète de Jésus, lorsqu'il était en costume de son personnage, en dehors des prises de vues. Un jour, alors que Warner arrivait bras dessus bras dessous avec l'actrice Sally Rand, avec qui il avait une liaison, DeMille pris le mégaphone et dit « Mlle Rand, laissez mon Jésus seul je vous prie ! Si vous devez baiser quelqu'un, baisez Ponce Pilate ! »
La séquence d'ouverture et la scène de la résurrection furent tournées en technicolor bicolor.
Ce fut le premier film projeté au célèbre Grauman's Theatre d'Holywood Boulevard.4
L'HEURE SUPREME
SEVENTH HEAVENFRANK BORZAGE
19.04.27
1 181 863 $
1 318 563 $
Un film FOX avec Janet Gaynor, Charles Farrell
Les soeurs Vulmir vivent à Montmartre dans des conditions sordides : Nana, l’aînée, alcoolique, fouette sa sœur Diane. Les seuls parents des deux orphelines, Oncle George et Tante Valentine, arrivent à l’improviste avec l’intention de prendre en charge le destin de leurs nièces. comme ils s’enquièrent de leur moralité, Diane avoue la vérité : ils rebroussent chemin, scandalisés. Nana, furieuse, le fouet à la main, pourchasse Diane à travers les rues et tente de l’étrangler. Chico, un égoutier, intervient in extremis et maîtrise Nana, qui s’enfuit. Diane tente de se suicider avec un couteau, mais Chico lui sauve la vie une nouvelle fois. Alors que Nana dénonce sa sœur à la police, Chico prend Diane sous sa protection en affirmant qu’elle est sa femme. Jusqu’au contrôle de ses dires, la jeune fille doit s’installer chez lui. Commence alors une autre vie dans la mansarde sous les toits, havre de paix et paradis loin du cauchemar...
Ce fut une grande année pour la Fox qui produisit deux des plus gros succès de l'année, mais aussi deux chefs d'œuvres du 7ème art (il y aura « L'aurore » de Murnau). Elle s'impose enfin comme un studio majeur. Le succès de « L'heure suprême » à l'international est considérable. Si on en croit Variety, il fut le 13ème plus gros succès mondial du muet avec 2,5 millions de dollars engrangés par le studio, ce qui rentabilisa amplement son imposant coût de 1,3 million de dollars. Le film fera de Janet Gaynor et de Charles Farrell des stars du jour au lendemain. Gaynor sera même l'une des stars majeures des 10 années à venir et sera souvent citée comme la successeure de Mary Pickford.
Les deux acteurs tomberont amoureux sur le tournage et ne tourneront pas moins de 12 films ensemble en seulement trois ans, dont trois dirigés par Frank Borzage.
Cette adaptation d'une célèbre pièce de Broadway (704 représentations) sera également un immense succès critique, et l'événement de la première cérémonie des Oscars. C'est ainsi que le film est nominé pour 5 Oscars, en obtient 3 (actrice, scénario et réalisateur). Janet Gaynor devient ainsi la première actrice oscarisée, mais restera également la plus jeune jusqu'en 1986.
La Fox sortira une version sonore, musicale et contenant même une partie parlante cinq mois plus tard, soit un petit mois avant « Le chanteur de jazz ». Toutefois, étant sorti d'abord muet, l'histoire (et surtout la promo de la Warner) retiendra que « Le chanteur de jazz » est le premier film parlant du cinéma.
Henry King fera un remake du film en 1937, avec James Stewart, sans succès. Il sera ensuite adapté à la radio en 1938, à la télévision en 1953 et en comédie musicale en 1955.5
BEAU GESTE
HERBERT BRENON
28.08.26
1 112 911 $
1 708 926 $
Un film PARAMOUNT avec Ronald Colman
Beau Geste et ses frères John et Digby sont élevés par leur tutrice, Lady Brandon. Pour donner à ses pupilles la meilleure éducation, celle-ci vend, à l'insu de son époux, " l'Eau bleue ", un saphir qu'elle remplace par une imitation. Soucieux d'éviter à sa bienfaitrice la colère de Lord Brandon, Beau vole la fausse pierre, et s'engage dans la Légion où ses frères le suivent bientôt. Beau, John et Digby commettent l'imprudence de parler du saphir devant Rasinoff, une crapule qui s'empresse d'informer un sergent brutal, Markoff. Ce dernier envoie Digby à Fort Tokotu et Beau et John à Fort Zinderneuf dont il prend le commandement. Le fort est attaqué par des rebelles et, à la faveur des combats, Markoff tente de s'emparer de " l'Eau bleue".
Cette adaptation du célèbre roman de Percival Christopher Wren (1924) connut un immense succès critique et public et reste une référence du film d'aventure sur la Légion étrangère. Il eut deux suites, « Beau sabreur » et « Beau ideal », qui étaient également des suites du roman, toutes deux écrites par Wren. La Paramount produira, avec beaucoup de succès, un remake parlant de son film en 1939 avec Gary Cooper, et réalisé par William A. Wellman. La Universal adaptera le roman à son tour en 1966.
6
VAINCRE OU MOURIR
OLD IRONSIDESJAMES CRUZE 06.12.26
956 798 $
1 434 461 $
Un film PARAMOUNT avec Charles Farrell, Wallace Beery, George Bancroft
Au début du 19ème siècle, la frégate USS Constitution, surnomée Old Ironsides, part comme navire amiral de l'escadre Américaine pour l'Europe pour protéger les navires marchands contes les attaques des pirates qui hantent la Mer Méditerranée. Pendant ce temps, un jeune homme désireux de devenir marin s'engage sur l'"Esther" un navire marchand en route pour la Méditerranée. L'Esther et L'USS Contitution seront tout deux impliqués dans un grande bataille contre les pirates.
La Paramount voulait faire pour le film d'aventure maritime et de pirate, ce que « La caravane vers l'Ouest » avait fait pour le Western : imposer le mètre étalon du genre. Elle mit les moyens pour réussir : James Cruze à la réalisation, filmé dans un procédé d'écran large (le Magnascope), Wallace Beery au casting (il avait déjà joué dans « L'aigle des mers ») et bien sûr, gros budget. James Cruze poussa le réalisme au point d'acheter un vrai navire afin de le brûler et de le couler. Bien qu'un peu oublié aujourd'hui, le réalisateur livre l'un des meilleurs films du genre, réaliste et spectaculaire.7
QUAND LA CHAIR SUCCOMBE
THE WAY OF ALL FRESHVICTOR FLEMING
25.06.27
859 900 $
859 900 $
Un film PARAMOUNT avec Emil Jannings, Belle Bennett
Aux Etats-Unis au début des années 1900 à Milwaukee, dans le Wisconsin, un employé de banque, August Shiller, heureux dans son travail et sa famille, est chargé de transporter des titres importants en valeurs immobilières à Chicago. Dans le train, il rencontre une séductrice blonde qui le convainc de lui acheter une bouteille de champagne et l'emmène dans sa berline. Le lendemain matin, il se réveille seul dans une chambre délabrée, sans les titres.
Succès public et critique, ce film imposa définitivement Victor Fleming, qui réalisait des films depuis 1919, comme un réalisateur de premier plan.
C'est également le premier film américain d'Emil Jannings. Né d'un père américain et d'une mère allemande, il monte sur les planches en 1915, où il rencontre Ernst Lubitsch, alors acteur. Il devient une star en Allemagne aux côtés de Pola Negri dans « Les yeux de la momie » en 1918 et dans « Madame DuBarry » l'année suivante. Puis, au cours des années vingt, il connait plusieurs succès aux États-Unis qui font de lui une vedette auprès des Américains. Rejoindre la Paramount est la consécration. La première cérémonie des Oscars est l'occasion de rendre hommage à son immense talent, puisqu'il obtiendra l'Oscar du meilleur acteur pour ce film et, cas unique dans l'histoire des Oscars, pour « Crépuscule de gloire » sorti en 1928.
« Quand la chair succombe » est aujourd'hui perdu, ce qui en fait le seul film oscarisé dans ce cas.8
LE ROMAN DE MANON
WHEN A MAN LOVESALAN CROSLAND
03.02.27
795 199 $
855 699 $
Un film WARNER BROS avec John Barrymore, Dolores Costello
Le Chevalier Fabien des Grieux, un aventurier, se bat pour sauver une jeune fille de la prostitution, Manon Lescaut.
Après le succès de « Moby Dick », la Warner reforme à l'écran le couple Barrymore-Costello pour cette adaptation de « Manon Lescaut » de l'Abbé Prévost. Barrymore joue ainsi dans le dernier des trois films de son premier contrat avec le studio.
Bien que muet, le film est doté d'une bande originale qui enthousiasma aussi bien le New York Times que le public.
Myrna Loy est figurante dans le film, comme prisonnière, et le directeur de la photo est le futur réalisateur Byron Haskin.9
THE BETTER OLE
CHARLE REISNER
07.10.26
741 412 $
1 246 106 $
Un film WARNER BROS avec Syd Chaplin
Old Bill (Syd Chaplin) soldat Britannique durant la première guerre en France est affecté dans un village français. Il découvre que le commandant est un traitre de mèche avec l'aubergiste local. Les deux tentent de l'empoisonner mais échouent et Old Bill possède une photo preuve de la trahison du commandant.
Ce film dont nous avons déjà parlé dans le top 50 de 1926 (il était à la 15e place) contient le premier mot sonore prononcé dans l'histoire du cinéma. Il s'agissait de « coffee ».
Cette seconde adaptation d'une célèbre pièce anglaise (811 représentations à Londres et 353 à New York), elle-même inspirée d'une bande dessinée, est le plus gros succès de Syd Chaplin, petit frère de Charlie, et le deuxième film entièrement sonorisé.
Fondée en 1922, par les quatre frères Warner, la Warner Bros connait des débuts forts difficiles. Pour tout dire, très endetté, le studio est au bord de la faillite seulement trois ans après sa fondation. Pourtant Sam Warner, convaincu que l'avenir du cinéma est parlant, obtient un prêt en avril 1925 pour acheter une petite société en difficulté, la Vitagraph, qui a mis au point un procédé de synchronisation du son et de l'image. Sa ténacité se révèle payante puisqu'en seulement deux mois, la Warner produit deux films millionnaires, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant.
10
DON JUAN
ALAN CROSLAND
06.08.26
739 822 $
1 924 149 $
Un film WARNER BROS Avec John Barrymore, Mary Astor
S'il était une chose que Don Juan de Marana apprenait de son père don Jose, c'était que les femmes lui donnaient trois choses : la vie, la désillusion et la mort. Dans les différents cas de son père, il y avait sa femme, donna Isobel, et donna Elvira qui était la dernière. Don Juan qui vivait à Rome, participait à l'université de Pise. Rome était mené par la famille Borgia : César, Lucrèce et le comte Donati. Juan conquit beaucoup de cœurs, mais le seul qu'il n'arrivait pas à conquérir le hantait.
L'engouement pour ce film (cf top 50 de 1926) fut tel que lors de sa première, le 5 août 1926 au soir, au Warner de New York, le prix de la place était de $10 ! À l'époque, pour une première, les prix oscillaient entre $2 et $3. Il fut également le premier film dont le prix en exclusivité sur Broadway dépassait les $3 pour les séances du soir, avec $3,3, les places s'échangeant parfois à plus de $5 lorsque la salle était complète. Pour donner une idée, le prix moyen d'une place à l'époque était d'environ 30 cents. On comprend mieux dès lors comment le film put rapporter $13 787 sur le seul week-end de sa sortie.
31
L' ECOLE DES SIRENES
SWIM GIRL SWIMCLARENCE G.BADGER
03.09.27
436 020 $
444 520 $
Un film PARAMOUNT avec Bebe Daniels
Une jeune femme accepte de tenter de traverser la Manche à la nage pour sauver son école.Avant-dernier des sept films que Bebe Daniels tourna avec le réalisateur Clarence G. Badger. La championne olympique Gertrude Ederle, et première femme à avoir traversé le Manche, tient un petit rôle dans le film.
32
LES CONQUETES DE NORAH
ANKLES PREFERREDJOHN G.BLYSTONE 26.02.27 433 171 $
433 171 $
Un film FOX avec Madge Bellamy
Nora, une employée de grand magasin, est déterminée à réussir sur la base de son intelligence en dépit de ses jolies chevilles. Elle trouve un travail de mannequin dans les magasins de McGuire et de Goldberg, et ils annoncent que Nora pourrait faire un voyage à l'étranger si elle persuade leur financeur de leur prêter des fonds supplémentaires. Le financeur, Hornsbee, devient présomptueux et mène à une rencontre entre lui et Barney, le jeune prétendant de Nora; et elle est finalement heureuse d'accepter les modestes attentions de Barney.
Madge Bellamy, surnommée « l'exquise Madge », débuta comme danseuse à Broadway en 1917, devint actrice de théâtre l'année suivante et se lança dans le cinéma en 1920. John Ford la rend célèbre en 1924 avec « Le cheval de fer ». Bien qu'elle soit connue et malgré les quelques succès qu'elle remporte, elle ne sera jamais une grande star. La faute à son caractère difficile, ses prétentions salariales élevées et à des choix discutables. Elle refusa par exemple un rôle dans « Ben-Hur », ou encore laissa le rôle de Diane dans « L'heure suprême » à Janet Gaynor (cf. top 1-10). Elle reconnaîtra elle-même plus tard que le déclin de sa carrière était dû à son choix de se contenter de jouer dans des comédies sans prétention, à l'image de ce film.
33
LOVES OF CARMEN
RAOUL WALSH
04.09.27
431 800 $
485 450 $
Un film FOX avec Dolores Del Rio, Victor McLaglen, Don Alvarado
Carmen, une cigarière, est courtisée par Escamillo, le torero, mais séduit José, un soldat, qui l'aidera à sortir de prison et la suivra dans le camp des bohémiens. Fatiguée de cet amoureux, Carmen revient à Escamillo, mais José, fou d'amour, la tuera près de l'arène où Escamillo est en train d'être acclamé.
Le roman de Prosper Mérimée avait déjà inspiré de nombreux cinéastes en 1927. Outre les courts métrages (dont un avec Charlie Chaplin), Carmen est l'héroïne d'un premier film en 1913, puis en 1915 et 1926 (par Jacques Feyder), entre autres. Raoul Walsh est d'ailleurs l'auteur d'une des deux « Carmen » de 1915, avec Theda Barra, l'une des plus grandes stars féminines de son époque (l'autre étant réalisé par Cecil B. DeMille avec Geraldine Farrar, la « rivale » de Theda Barra). Toutefois la première vraie adaptation du roman date de 1918, avec Pola Negri. En 1948, la Columbia produira la première adaptation parlante du roman, avec Rita Hayworth et Glenn Ford.
Fils d'Andrew McLaglen, l'évêque de l'église protestante d'Angleterre, né à Londres dans une fratrie de dix enfants, originaire d'Afrique du Sud, Victor McLaglen eut une vie hors du commun. À l'âge de 14 ans, il s'engage dans l'armée afin de combattre dans la deuxième guerre des Boers, mais il se fait virer lorsque l'armée découvre son âge réel. Solide gaillard, on le retrouve quatre ans plus tard au Canada où il devient une célébrité locale en tant que lutteur. Puis il devient boxeur en 1907. Il a devant lui une carrière prometteuse, le Sydney Sportsman titrant même dès 1908 : « McLaglen peut devenir le nouveau Jim Jeffries ». Parallèlement à la boxe, il exercera un temps le métier de policier, puis suivra un cirque itinérant, avant de s'engager dans l'armée britannique comme capitaine durant le premier conflit mondial. Il sera même prévôt adjoint à Bagdad. Il continuera la boxe jusqu'en 1920, avec 16 victoires, 8 défaites et un nul, ainsi que le titre de champion poids lourd de l'armée britannique en 1918 (il a alors 32 ans). Et c'est parce qu'un producteur cherchait un boxeur pour jouer dans un film que Victor McLaglen débuta au cinéma. Il est également le père du réalisateur Andrew V. McLaglen.34
LCASEY AT THE BAT
MONTE BRICE
08.03.27
427 700 $
427 700 $
Un film PARAMOUNT avec Wallace Beery
Casey possède une capacité remarquable à jouer au baseball. Un recruteur peu scrupuleux de New York l'inscrit et Casey et son manager tout aussi malhonnête se rendent dans les grandes ligues. Finalement, le dépisteur et le responsable conspirent pour le saouler et parient contre lui pour un match crucial avec le fanion en jeu.
"Casey at the bat » est la deuxième version cinématographique (après celle de 1916) d'un poème consacré au baseball d'Ernest Thayer, écrit en 1888. Très populaire, ce poème inspira des romans, un court métrage animé de Disney en 1946, un comics Marvel en 1969, avec Bulk, parodie de Hulk dans le rôle de Casey. Eliot Gould interprètera également Casey dans une série TV de 1986, « Tall Tales & Legends ».
35
L'ETRANGE AVENTURE DU POETE VAGABOND
THE BELOVED ROGUEALAIN CROSLAND
12.03.27
425 738 $
425 738 $
Un film UNITED ARTIST Avec ohn Barrymore, Marceline Day, Conrad Veidt
Biographie romancée de la vie de François Villon. Ecolier de l’Université, maître de la faculté des Arts dès 21 ans, il a d’abord mené une vie joyeuse d’étudiant indiscipliné au Quartier Latin. À 24 ans, il tue un prêtre dans une rixe et s’enfuit de Paris. Amnistié, il doit de nouveau s’exiler un an plus tard après le cambriolage du collège de Navarre. Accueilli à la cour de Charles d’Orléans, le prince-poète, à Blois, il échoue à y faire carrière. Il mène alors une vie errante et misérable sur les routes. Emprisonné à Meung-sur-Loire, libéré à l’avènement de Louis XI, il revient à Paris après six ans d’absence. De nouveau arrêté dans une rixe, il est condamné à être pendu. Après appel, le Parlement casse le jugement et le bannit pour dix ans de la ville.
John Barrymore n'aima pas sa performance dans ce remake de « If I were King », inspiré de la vie du poète du 15e siècle François Villon. C'est en tout cas avec ce film que Marceline Day devint célèbre. Elle avait débuté au cinéma enfant dans les années 10, puis dès 1924 joue dans une série de films aux côtés d'Harry Langdon. C'est ainsi qu'elle se fait remarquer, au point d'être l'une des 13 Wampas baby stars de 1926. Il s'agissait d'une campagne promotionnelle très populaire de la Western Association of Motion Picture Advertisers in the United States qui chaque année, désignait 13 jeunes femmes qui avaient le potentiel de devenir les stars de demain. Dans la promotion de 1926, se trouvait également Joan Crawford, Mary Astor, Janet Gaynor et Dolores Del Río.
François Villon inspirera trois autres films, tous parlant : « Le vagabond roi » en 1930, avec Jeannette Mac Donald, « Le roi des gueux » en 1938, avec Ronald Colman (sans doute la version qui eut le plus de succès) et « le roi des vagabonds », réalisé par Michael Curtiz en 1956.
Longtemps considéré comme perdu, une copie du film fut retrouvée en 1963 dans la collection privée de Mary Pickford.36
LE SIGNAL DE FEU
ANNIE LAURIEJOHN S.ROBERTSON 11.05.27
422 761 $
428 461 $
En Ecosse, au milieu du 18e siècle, le clan des MacDonald et de Campbell perpétuent une vieille inimité. Un soir, après que Ian MacDonald du clan du même nom ait allumé le signal, un cadavre est apporté au village de Glecoé avec un petit mot des Campbell indiquant que ce maraudeur a été surpris sur les terres des Campbell.
Troisième des six films que Lilian Gish tourna à la MGM pour un contrat d'un million de dollars. L'accueil du public fut moins enthousiaste que pour son précédent film, « La lettre écarlate », et en raison de son confortable budget de $824 000 (deuxième plus gros budget de l'année pour le studio), le film perdit $264 000. Il marque ainsi le déclin de la star.37
LA LETTRE ECARLATE
THE SCARLETT LETTERVICTOR SJOSTROM
09.08.26
419 752 $
665 733 $
Un film MGM avec Lilian Gish
L'histoire se déroule au 17eme siècle, dans la ville de Boston où le puritanisme et la rigidité des moeurs fond des ravages parmi les originaux et les individualités. C'est le cas de Hester Prynne qui se retrouve au pilori. Secourue par le révérend Dimmesdale, qui lui donne à boire. Elle revoit ultérieurement le pasteur et les deux jeunes personnes deviennent rapidement amants...Un enfant naît.
C'est sur le tournage de ce film dont nous avons déjà parlé dans le box-office de 1926, que la mère de Lilian Gish tomba gravement malade. Aussi le réalisateur Victor Sjöström, pour permettre à la star de rejoindre sa mère à New York sans prendre de retard sur le tournage, condensa les deux semaines prévues qui restaient en trois jours de tournage continu. La mère de l'actrice décéda quelques mois plus tard, durant le tournage d'« Annie Laurie ».
38
NOW WE'RE IN THE AIR
FRANK B.STRAYER
22.10.27
417 068 $
471 268 $
Un film PARAMOUNT avec Wallace Beery, Raymond Hatton, Louise Brooks
Jerry est un redoutable motocycliste dont la petite amie a été séduite par Red McCue, un malfaiteur. Jerry décide de se venger et défie son rival. Commence alors une folle poursuite.
C'est avec ce film, suite de « We're in the navy now » (cf. 1926), que Louise Brooks, alors âgée de 21 ans, est devenue une star. Louise Brooks est un symbole du cinéma muet. Pourtant, en son temps, elle était surtout une star mondaine, car elle n'eut pas une carrière impressionnante. Paradoxalement, alors qu'elle a joué dans 70 films muets, et seulement 8 films parlants, c'est surtout pour l'un d'eux qu'on se souvient d'elle : « Loulou » de Georg W. Pabst, qui fut en fait un échec au moment de sa sortie.
Débutant comme danseuse dans une troupe professionnelle de Los Angeles en 1922, elle intègre les Ziegfeld Folies trois ans plus tard. C'est là qu'elle se fait remarquer par deux hommes : Charlie Chaplin, avec qui elle aura une liaison de deux mois, puis le producteur indépendant Walter Wanger, alors en place à la Paramount. Elle eut également une liaison avec lui. Elle signe dans la foulée un contrat de 5 ans avec le prestigieux studio. Très vite elle obtient le rôle féminin principal dans plusieurs comédies, à l'instar de ce film où elle interprète des jumelles. À cette époque Brooks est déjà dans toutes les grandes soirées de stars, en particulier celles organisées par le milliardaire William Randolph Hearst, car c'était une amie proche de la nièce de Marion Davies, la maîtresse de ce dernier.39
THE NIGHT OF LOVE
GEORGE FITZMAURICE
22.01.27
411 947 $
414 847 $
Un film UNITED ARTIST avec Ronald Colman, Vilmà Banky
En Espagne au XVe siècle, la jeune épouse du gitan Montero (R. Colman) s'est suicidée plutôt que d'être victime du droit du seigneur perpétré par le cruel Duc de la Guarda (M. Love). Montero a juré de se venger et enlève la Princesse Marie (V. Banky) qui est promise au Duc.
40
LE COUP DE FOUDRE
ITCLARENCE G.BADGER
19.02.27
411 891 $
411 891$
Un film PARAMOUNT Avec Clara Bow, Antonio Moreno
Betty Lou Spencer et une jeune vendeuse de lingerie qui cherche par tous les moyens à imiter les principes de l'heroine de son roman favori. Son nouvel itinéraire amoureux la conduit a vivre une histoire d'amour dans les bras de Cyrus Walthan Jr., qui n'est autre que son patron.
Si Clara Bow était déjà une vedette, c'est avec ce film qu'elle devint la It-girl. La quoi me demanderez-vous ?
Elinor Glyn était une romancière née en 1864, extrêmement populaire et qui eut une grande influence sur les femmes des années 20. Durant cette décennie, ses romans se vendaient comme des petits pains et nombres d'entre eux étaient adaptés au cinéma. La Paramount avait d'ailleurs signé avec l'auteur un très juteux contrat d'adaptation d'une douzaine de ses romans, dont celui-ci. Sans doute le plus gros contrat jamais signé de ce type en son temps. C'est elle qui inventa le concept de it-girl, même si elle ne sut jamais vraiment le définir. La it-girl c'était en quelque sorte la femme moderne des 1920's. Elle se devait d'être libre, indépendante, autonome, espiègle, un brin frivole, et surtout débordante de sex-appeal. Bref, Clara Bow, de l'aveu même d'Elinor Glyn après la sortie du film.
Ne vous fiez pas au chiffre figurant dans ce tableau. Je rappelle en effet qu'il ne s'agit que des recettes engrangées par les salles clés de Variety. Celles-ci étaient les salles les plus luxueuses et chères du pays. Leur public était essentiellement mondain. Par contre le film connut un succès colossal dans le reste du pays. Et c'est ainsi, qu'avant de devenir une star mondiale grâce aux « Ailes » de Wellman et à « Hula » de Fleming, que Clara Bow devint l'actrice préférée des Américains. La it-girl.Pour terminer avec 1927, je vous propose cette liste de films qui ne sont pas le top 50 ni celui de 1928, soit parce qu’ils sont sortit à cheval sur ces deux années, mais dont les recettes totales auraient pu être suffisantes, ou tout simplement parce qu’ils ont eu un impact non négligeable sur le 7° art ou sur la carrière d’une star ou d’un réalisateur.
RANG TITRE
RÉALISATEUR
SORTIE
USARECETTE
1927RECETTE CUMULÉE
DE L'EXPLOITATION
66
LES MISERABLES
HENRI FESCOURT 08.07.27
345 160 $
417 210 $
Un film UNIVERSAL avec Gabriel Gabrio, Jean Toulout
Sortie en France : 25 novembre 1925
Il existe une cinquantaine d'adaptations du très célèbre roman de Victor Hugo, la première datant de 1897. En 1909, un film américain s’attaque pour la première fois à l'intégralité du roman. En 1912 Pathé produit une version de 163 minutes, dotée d'un budget, selon la publicité de l'époque, de $100 000.
Cette version française de 1925 est considérée comme la meilleure du muet, mais fut éclipsée par celle de 1934, avec Harry Baur et Charles Vanel. Le film d'une durée de six heures fut diffusé en deux parties.
73
LA VOLONTE DU MORT
CAT AND CANARYPAUL LENI 09.09.27 323 750 $
325 550 $
Un film UNIVERSAL Avec Laura La Plante
Cyrus West, un vieil original milliardaire, solitaire et grincheux, rédige son testament et le met sous pli en deux enveloppes cachetées à ouvrir vingt ans après ma mort. Il joue ainsi un tour aux membres de la famille qui attendront, minés par l'impatience, comme des chats excités par la vue d'un canari en cage.Après la disparition du vieillard, le château reste habité seulement par une ancienne servante, Mammy Pleasant, et le gardien. Un visiteur s'introduit dans les lieux. Sa main gantée essaie de faire jouer la serrure à chiffres du coffre-fort, qui s'ouvre enfin. Il est vide. Pendant ce temps, le notaire est arrivé et les membres de la famille sont réunis pour assister à l'ouverture du testament. On ouvre la première enveloppe. C'est la nièce Anabella West qui hérite, mais à la condition qu'elle soit saine d'esprit. Si elle ne l'est pas un autre héritier sera désigné, dont le nom est inscrit dans la seconde enveloppe. Pendant la préparation du dîner, le gardien vient annoncer qu'un fou, surnommé le Cat, s'est échappé et est peut-être dans la maison ou aux alentours. La folie s'empare des convives. Pendant son sommeil, la main gantée tente d'étrangler Anabella. Tante Suzan parvient à quitter la demeure et à monter dans la charrette du laitier pour prévenir la police, qui démasquera rapidement l'auteur des incidents : c'était, déguisé en monstre hideux, Charlie Wilderl, neveu de Cyrus, dont le nom figurait dans la seconde enveloppe. Le gardien était son complice.
Paul Leni, peintre d'avant-garde, était un des maîtres de file de l’expressionnisme allemand, et son « Cabinet des figures de cires » (1924) avait impressionné Carl Leammle, le patron de la Universal, qui lui proposa d'adapter une pièce à succès de 1922. Le succès critique et public de « La volonté du mort » devenu culte, et dont certains plans et mouvements de caméra sont encore utilisés par le cinéma de genre aujourd'hui, imposa les codes des films d'horreurs des trente années à venir, lança le genre populaire des "old dark house movies" (régulièrement parodié par Tex Avery) et reste le plus grand succès de Laure La Plante, starlette de l'époque dont la carrière sera brisée par le parlant. Il propulsa également la prometteuse carrière américaine de Leni jusqu'à sa mort prématurée deux ans plus tard.
C'est un film clé de l'histoire de la Universal, qui allait se spécialiser dans le genre durant plus d'une décennie, et ouvrit la voie au « Dracula » et « Frankenstein » de 1931.
La pièce de John Wilard fit l'objet de trois autres adaptations, toutes parlantes, en 1930, 1939 (version comique avec Bob Hope et Paulette Goddard) et 1979.121
LE MECANO DE LA GENERALE
THE GENERALCLYDE BRUCKMAN
BUSTER KEATON31.12.26
233 292 $
233 292 $
Un film UNITED ARTIST Avec Buster Keaton
Johnnie est le mécanicien (« le mécano ») d'une locomotive appelée la General, laquelle appartient à la Western and Atlantic Railroad, une compagnie de chemins de fer de l'Est américain. Lorsque la guerre de Sécession éclate, Johnnie a deux amours: son train et Annabelle Lee. Comme il ne peut pas s’engager dans l’armée, Annabelle lui refuse son amour après que son frère lui ait expliqué par malentendu n'avoir même pas vu Johnnie dans la queue pour s'enrôler. Cependant, lorsque la General est volée par des espions de l'Union, avec Anabelle à son bord, Johnnie n'hésite pas à se lancer à la poursuite de son train et de sa fiancée. Après s'être infiltré dans l'armée de l'Union, Johnnie délivre Annabelle grâce à un déguisement après avoir entendu par hasard les plans secrets de généraux. Elle et lui s'enfuient en train, talonnés par l'armée ennemie. Après de nombreuses péripéties et après avoir défait l'Union en aidant les confédérés, Johnnie reçoit le grade de lieutenant et retrouve sa fiancée.
Cette comédie, inspirée d'un réel fait d'armes de la guerre de Sécession, est le film le plus connu et reconnu de Buster Keaton, et l'un des plus célèbre du cinéma, régulièrement cité parmi les 100 ou 50 meilleurs films de l'histoire par les critiques du monde entier.
Film préféré du comédien, il bénéficia d'un important budget pour une comédie de l'époque, $400 000 que Joseph Schenk, producteur de la Metro, mit à disposition de Keaton. Celui-ci s'investit totalement dans le film, réalisant lui-même toutes ses cascades, y compris les plus dangereuses et s'attela à faire une reconstitution extrêmement soignée. Keaton ne regarda absolument pas à la dépense, allant jusqu'à mettre $42 000 pour un seul plan (celui du pont qui s'écroule au moment où la locomotive Texas passe dessus), ce qui en fait le plan le plus onéreux du muet. S'ajoute à cela plusieurs incidents sur le tournage, comme un technicien gravement blessé qui porte plainte contre la production, ou un incendie déclenché lors du tournage de l'impressionnante bataille finale du film, et qui coûta la bagatelle de $50 000 à éteindre. Au final, c'est $750 000 qui furent dépensés pour le film, un record pour une comédie de l'époque.
Mais le résultat est là. Visuellement très réussi, drôle et ne manquant pas de morceaux de bravoure, c'est sans doute le film le plus abouti de son auteur. Pourtant, lors de sa sortie, c'est un échec critique et commercial. Avec $ 1 000 000 de recettes dans le monde, dont moins de la moitié sur le sol américain, le film ne parvint pas être rentable et signe la fin de l'indépendance financière et artistique de la star, celui-ci devant se résigner à signer un contrat avec la MGM.
En 1953, une nouvelle version du film est créée et distribuée par un collectionneur et distributeur indépendant, Ramond Rohauer. Cette version d'ailleurs est sous copyright. L'ironie, c'est que l'enregistrement au copyright de l'originale n'ayant pas été renouvelée, la version de Keaton est, elle, dans le domaine public depuis 1954.
Une version parlante et plus sérieuse de l'histoire fut produite en 1956 par Disney, avec Fess Parker.131
LA PETITE VENDEUSE
MY BEST GIRLSAM TAYLOR
31.10.27
223 000 $
599 300 $
Un film UNITED ARTIST avec Mary Pickford, Charles "Buddy" Rogers
Maggie, une vendeuse dans une petite boutique, tombe amoureuse du fils du propriétaire, qui abandonne sa petite amie de la bonne société pour elle. Apprenant leur liaison, le père du jeune homme essaye d'acheter Maggie pour qu'elle l'abandonne. Quand elle finit par dire qu'elle est prête à renoncer à lui en se faisant passer pour une chercheuse d'or, le père reconnaît ses qualités et accepte le mariage.
Ce film est atypique dans la carrière de Mary Pickford puisqu'il s'agit d'une pure comédie. Il fut pourtant un gros succès public, rapportant plus d'un million de dollars sur le sol américain, pour un coût de seulement $483 000. Aujourd'hui encore il est considéré comme l'un des cinq meilleurs films de l'actrice. Il faut dire que Sam Taylor avait du métier dans le registre comique puisqu'il fut l'un des réalisateurs attitrés d'Harold Lloyd. Il a notamment mis en scène le fameux "Monte là-d'ssus" en 1923.
Mais si ce film reste connu, c'est aussi parce que c'est sur ce tournage qu'elle tomba amoureuse de son partenaire Charles "Buddy" Rogers. Mais étant alors mariée à Douglas Fairbanks, sa relation avec lui restera platonique jusqu'a son divorce en 1936.167
MONTE CRISTO EMMETT J.FLYNN
30.03.27
172 386 $
177 686 $
Un film FOX avec John Gilbert
L'adaptation du célèbre roman d'Alexandre Dumas.
Cette reprise du film de 1922, un des tous premiers succès de John Gilbert (top 13 de 1922), est l'occasion de s'attarder un peu sur cet acteur.
Enfant négligé et violenté, il se lance dans le théâtre en 1914, à l'âge de 17 ans. L'année suivante il s'essaye dans le cinéma où il va enchaîner les petits rôles pendant cinq ans avant d'être repéré par Maurice Tourneur qui lui fait signer un contrat pour écrire des scénarios et jouer dans des films. Deux ans plus tard, c'est la Fox qui lui fait signer un contrat de trois ans et le lance comme premier rôle. C'est après qu'il commence à se faire un nom avec quelques succès comme cette version de Monte Cristo, puis il rejoint la MGM, nouvellement créée, en 1924. Bien qu'il devienne rapidement la plus grande star du studio enchaînant les triomphes, Louis B. Mayer le déteste cordialement, du fait de l'indépendance d'esprit dont il fait preuve. Ils sont régulièrement en conflit sur les sujets artistiques, sociaux ou financiers, Mayer trouvant Gilbert bien trop payé ($250 000 par film). Le point culminant étant le double mariage de Gilbert/Garbo et du réalisateur King Vidor avec la star Eleanor Boardman. Garbo ne se rendit pas à la cérémonie, ce qui inspira une remarque désobligeante à son encontre de la part de Mayer. Et valut à Mayer de se prendre une bonne droite de Gilbert. Mayer lui voua dès lors une haine féroce et n'attendit plus que l'occasion de se venger. Ce dont l'avènement du parlant lui fournira l’occasion.
Précisons toutefois que cette histoire est depuis quelques années remise en cause par les historiens. Une chose est certaine, c'est par la suite que les problèmes d'alcool de Gilbert vont s'aggraver.169
LONDRES APRES MINUIT
LONDON AFTER MIDNIGHTTOD BROWNING 3.12.27
171 100 $
523 950 $
Un film MGM avec Lon Chaney, Marceline Day, Conrad Nagel
L'inspecteur Burke de Scotland Yard enquête sur le suicide suspect de Roger Balfour. Dans la demeure du défunt, où s'est déroulé ce fait divers, on trouve : Butler le domestique ; Sir James Hamlin, voisin, héritier et ami du mort ; Arthur Hibbs, le neveu de Hamlin ; et enfin Lucille, fille de Balfour. Burke ne trouve pas d'indice probant et se résout à considérer cette mort comme un suicide. Cinq ans plus tard la demeure Balfour est désormais abandonnée et laissée en ruines. Hamlin vit dans sa propriété, à quelques pas de cette maison, avec son neveu et Lucille, qu'il a adoptée. Pourtant, dans la décrépie demeure Balfour, des lumières mystérieuses apparaissent. Un personnage étrange vient de s'y installer. Il s'agit d'un homme aux cheveux hirsutes, coiffé d'un grotesque chapeau haut-de forme, vêtu d'une grande cape noire et arborant un sourire inquiétant. Il est accompagné d'une pâle jeune femme aux airs perdus et à la mine fantomatique. Peu de temps après, un vieux criminologue vient s'installer chez Hamlin pour enquêter à nouveau sur le suicide de Balfour. Rapidement, tous les habitants de la demeure semblent convaincus que les occupants de la maison abandonnée sont des vampires, des monstres buveurs de sang.
Avec plus d'un million de dollars de recettes mondiales pour un un coût de $150 000, « Londres après minuit », sur un scénario original de Tod Browning, est le plus gros succès financier de Lon Chaney à la MGM.
Petit-fils d'un membre du Congrès américain, John Chaney, et fils de parents sourds, Lon devint rapidement doué pour la pantomime. En 1902 il se lance dans le théâtre et le vaudeville. Après 8 ans sur les routes il s'installe en Californie, et se lance dans le cinéma en 1912, sous contrat à la Universal. Après avoir échoué à négocier une augmentation il quitte le studio en 1917, pour y revenir l'année suivante après le succès de "Riddle Gawne" de et avec William S. Hart, immense star de l'époque. Après ce film le talent de Chaney est enfin reconnu par l'industrie. Universal à l'idée de former un trio d'acteurs en associant Chaney à Dorothy Phillips et William Stowell. Le succès est tel que le studio produira 14 films en deux ans. Mais c'est avec l'immense succès du film "Le miracle" en 1919, que Lon Chaney devient véritablement une star. Alors qu'il aura connu ses plus gros succès chez Universal, dont « Le bossu de Notre-Dame » (1923) et « Le fantôme de l'opéra » (1925), il rejoint la MGM où il tournera 10 films sous la direction de Tod Browning, formant ainsi l'une des associations les plus réussies d'Hollywood.
Lon Chaney, que l'on surnommait "'l’homme aux mille visages" eut également une influence majeure dans le domaine du maquillage. A l'époque le maquillage était rare, hormis une fausse barbe ou un postiche. De plus on utilisait du maquillage de théâtre ce qui rendait mal à l'écran. Chaney élaborait lui-même tous ses maquillages, faisant preuve d'une réelle ingéniosité et inventivité. Il n'est ni plus ni moins que l'inventeur du métier de maquilleur pour le cinéma.
Bien que le film fut un gros succès public (surtout aux États-Unis), les critiques de l'époque furent assez sévères avec ce film. C'est peut-être pour cela que Browning en fit un remake parlant en 1935 sous le titre « La marque du vampire ».
Il n'existe plus aucune copie du film, la dernière ayant été détruite lors d'un incendie d'un entrepôt de la MGM en 1965.183
L'AURORE
SUNRISEFRIEDERICH W. MURNAU
28.09.27
152 750 $
539 540 $
Un film FOX avec George O'Brien, Janet Gaynor
Une femme de la ville, qui passe ses vacances dans un petit village, séduit un fermier et le convainc de tuer son épouse. Mais au moment de noyer l'épouse dans le lac, le fermier ne s'y résout pas et sa femme s'enfuit attrapant un tramway qui passe. Le fermier la suit, et le tramway amène les deux époux à la ville. Là, progressivement, ils se retrouvent, découvrant le rire et la fête dans l'atmosphère urbaine, avant de s'en retourner chez eux. Mais une violente tempête les attend sur le lac. Le fermier, se croyant le seul survivant du naufrage et son épouse morte pour de bon, tente de tuer la séductrice de la ville. Mais sa femme a pu être sauvée et, au moment où l'aurore se lève, les deux époux se retrouvent dans leur amour, alors que la femme de la ville s'enfuit.
Ce premier film américain du légendaire réalisateur de « Nosferatu » considéré comme le plus grand chef-d'œuvre du cinéma muet, au point qu'il n'y a pas un seul classement des plus grands films du cinéma dans lequel il ne figure pas. Preuve de l'attrait qu'il exerce encore, ce fut le premier film muet à avoir été édité en DVD (au Royaume Uni en 2009).
Beau, poétique, des acteurs au sommet de leur talent, un art consommé de l'image, un décor unique somptueux qui aura coûté la bagatelle de $200 000 (le plus cher de la période du muet avec l'arène de « Ben-Hur ») des plans de génie, une utilisation remarquable de la perspective, compensent un scénario très mince. Tout a été écrit sur ce film, chaque plan ayant été analysé des centaines de fois.
Murnau détestait les intertitres ce qui explique qu'il y en ait peu, et plus on avance dans le film, moins il y en a, au point de ne plus exister sur la fin.
« L’Aurore » est un film sonorisé, via le système Movietone de la Fox, et fut le premier film à bénéficier d'une vraie BO.231
LA VIE PRIVEE D'HELENE DE TROIE
THE PRIVATE LIVE OF HELEN OF TROYSIR ALEXANDER KORDA
09.12.27
91 800 $
478 875 $
Un film FIRST NATIONAL avec Maria Corda, Lewis Stone, Ricardo Cortez
Hélène, reine de Sparte, s'ennuie, son mari Ménélas lui montrant peu d'intérêt. Elle s'enfuit à Troie avec Pâris. Ménélas déclare alors la guerre à Troie. Après la victoire, Hélène revient à Sparte. La coutume voudrait que son mari la tue lui-même, mais son charme opère et il la laisse en vie. Toutefois il ne s'occupe pas plus d'elle qu'auparavant et Hélène flirte avec le prince d'Ithaque.
Commencé par George Fiztmaurice, cette adaptation du roman de John Erskine, sorti deux ans plus tôt, est le premier film à obtenir un Oscar à titre posthume pour le scénariste Gérald Duffy. C'est également le premier succès américain du célèbre producteur/réalisateur Alexander Korda.
Né Sándor László Kellner en Hongrie, il écrit et réalise son premier film en 1914 et crée sa première société de production, la Corvin Film, deux ans plus tard. Dès son premier film en tant que producteur, il remporte un vif succès et la Corvin s'impose rapidement comme l’une des plus grandes sociétés cinématographiques hongroises. En 1919 il épouse la ravissante vedette locale Maria Corda. La même année, après avoir été brièvement arrêté durant la "Terreur Blanche", ils fuient la Hongrie pour Vienne. Alexander Korda n'y remettra jamais les pieds. Durant les années qui suivent il connaîtra plusieurs succès en Allemagne et en Autriche, tous avec son épouse en vedette. Parmi eux « Le mannequin du roi » qu'il réalise aura un certain écho à l'international. C'est ainsi qu'il est remarqué par la First National qui lui fait signer un contrat. Des relations tendues avec ses employeurs, de grosses sommes perdues dans le crack de Wall Street, des scripts qu'il juge insipides, la carrière de son épouse brisée par le parlant, mettent un terme à cette première aventure américaine, ainsi qu'à son mariage, en seulement trois ans. C'est donc quasiment inconnu qu'il débarque en France où il réussit malgré tout à s'imposer pour réaliser l'adaptation de la célèbre pièce de Marcel Pagnol, « Marius », avec le succès que l'on sait. En 1932 il migre à Londres où il fonde la London Films. L'année suivante il produit et réalise « La vie privée d'Henry VIII » qui fera de Charles Laughton une star internationale, et qui reste le plus gros succès mondial du cinéma anglais de la décennie. Il enchaine ensuite les succès comme producteur ou réalisateur. Parmi eux, citons « Le chevalier de Londres » avec Leslie Howard et Merle Oberon, qu'il épousera cinq ans plus tard, et surtout « Fantôme à vendre » de René Clair, qui fera le tour du monde. En 1936, il fonde son propre studio de tournage, le célèbre Studio Denham. C'est là que verront le jour toute une série de succès internationaux produits par Korda, comme « Elephant boy », « Les quatre plumes blanches » ou « Le lion a des ailes » qui lance la carrière du grand réalisateur Michael Powell. De retour aux USA au début de la guerre, il en profite pour produire entre autres succès, « Lady Hamilton » et « Le livre de la jungle » en 1942. La même année, il devient la première personnalité issu du cinéma à être fait Chevalier de l’Ordre britannique. L'année suivante, il retourne à Londres et en 1947, il devient l'actionnaire majoritaire de la plus puissante société de production anglaise, la British Lion Films. Durant les années qui suivent, il produit encore deux importants succès internationaux, « Le mur du son » de David Lean, et surtout « Le troisième homme » de Carol Reed, avec Orson Welles et coproduit par David O'Selznick. Il meurt d'une crise cardiaque en 1962.493
CHICAGO
FRANK URSON
23.12.27
12 200 $
390 650 $
Un film PATHE avec Phyllis Haver
Une femme adultère tue son amant au cours d'une dispute. Son mari s'accuse du meurtre.
Adapté d'une comédie musicale, elle-même inspirée d'un sordide fait divers, cette production de Cecil B. DeMille (qui en est le vrai réalisateur dans les faits) fera l'objet de deux remakes, en 1942, avec Ginger Rogers (« La folle histoire de Roxie Hart » de William A. Wellman) et en 2002 sous le même titre, avec Renée Zellweger, Catherine Zeta-Jones et Richard Gere.
537
L'ENNEMIE
THE ENEMYFRED NIBLO
08.12.27
9 600 $
473 850 $
Carl Behrend et Pauli Arndt viennent de se marier. Lui est fils d'un homme d'affaires, elle, fille d'un professeur. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Carl est appelé au front. La vie est dure pour ceux qui restent. Désemparée, Pauli vit mal cet épisode, d'autant que son père est révoqué pour ses opinions pacifiste.
Fille d'une mère actrice et d'un père alcoolique qui abandonnera sa famille, surnommé "la première dame du cinéma", Lilian Gish fut l'une des plus grandes stars féminines du muet avec son amie d'enfance Mary Pickford.
Elle monte sur les planches dès l'âge de 9 ans, et après 10 ans de théâtre, en 1912, elle se lance dans le cinéma après que Mary Pickford lui ait présenté David Wark Griffith.
Griffith sera littéralement subjugué par l'actrice au point d'en faire la vedette de ses plus grosses productions entre 1916 et 1921 : « Intolérance », « Le lys brisé », « A travers l'orage » et « Les deux orphelines ». Leur relation était tellement forte que beaucoup ont soupçonné une relation amoureuse, ce qu'aucun n'a jamais reconnu. La seule chose de certaine, est que Lilian Gish l'a toujours appelé "Mister Griffith".
Après une telle série de triomphes, la MGM lui propose un contrat d'un million de dollars pour six films. Sur les conseils de Griffith qui traverse une mauvaise passe financière, elle accepte de signer, mais pour un montant moindre en contrepartie d'un pourcentage et d'une grande liberté créatrice. « L'ennemie » attirera moins le public que ses films précédents, il reste néanmoins son dernier succès.« Box-office USA 1926 - Top 50 (et autres films) annuel avec recettesBox-office USA 1928 - Top 10 annuel avec recettes »
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