La Salle Marivaux, tel était son nom d’origine, forte de ses 1250 fauteuils, ouvre le 15 avril 1919. Conçu pour être autant un cinéma qu’une salle de music-hall, ce cinéma s’imposera vite comme un des grands incontournables cinémas parisiens. Confortable, luxueux, on peut même dire, qu’avec le Madeleine, il participa à imposer le système d’exploitation par exclusivité en France.

Le 9 mai 1919, il lance en première exclusivité Intolérance, film événement de David W. Griffith (le Spielberg de l’époque), déjà vieux de trois ans, mais qui n’avait pas pu sortir en France du fait de la guerre. Dans la foulée, la salle signe un contrat avec le tout jeune studio United Artists, fondé par les quatre poids lourds du box-office de l’époque ; Charles Chaplin, Mary Pickford, Douglas Fairbanks et David W. Griffith. De quoi assurer une manne considérable de grands succès.

Le Marivaux est ensuite intégré au réseau Pathé, qui l’équipe du son dès 1929. Il devient ainsi la vitrine de luxe des productions Pathé et plus généralement des grands films français. Il est repris en 1937 par le grand exploitant Léon Siritzky.

Sous l’Occupation, ce dernier est spolié de ses biens et le Marivaux est absorbé par la société allemande SOGEC. 

De part sa programmation, riche en longues exclusivités et gros succès, le Marivaux, via les données de l’Assistance Publique, se révèle être l'une des salles les plus intéressante à étudier, et nous révèle des chiffres particulièrement instructifs et inédits pour nombre de classiques du cinéma français, comme Pépé le Moko, Un carnet de bal, Quai des brumes et avant tout La grande illusion.

Au milieu des années trente le Marivaux proposait des séances permanentes de 14 h 15 à 1 h 45 du matin, 7 jours sur 7.